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Etre agile et faire agile !

Etre agile et faire de l’agile

Être agile : une question de posture avant tout

L’agilité est devenue un mot-clé dans le monde professionnel. Pourtant, sa compréhension reste souvent superficielle, réduite à des cadres méthodologiques ou à des outils. Trop souvent, on entend dire qu’une équipe “fait de l’agile” sans vraiment incarner l’essence de ce qu’est “être agile”. Cette distinction, pourtant fondamentale, est à la base de nombreux malentendus et écueils dans les transformations agiles. Alors, qu’est-ce que cela signifie réellement d'”être agile”, et pourquoi cela importe-t-il tant ?

L’agilité, à la fois un mot à la mode et un véritable levier de transformation, continue d’évoluer dans les entreprises du monde entier. Mais une question persiste : peut-on “faire l’Agile” sans réellement “être Agile” ? Autrement dit, l’application des outils et frameworks agiles suffit-elle à incarner la culture et le mindset qui sont au cœur de cette approche ? Cet article explore cette dichotomie en mettant en lumière des cas réels et en ouvrant la discussion sur la pertinence des frameworks par rapport au mindset.

Faire l’Agile : Quand les outils prennent le dessus

“Faire de l’agile” est souvent assimilé à la mise en place de cérémonies ou d’outils agiles, comme les sprints Scrum ou les tableaux Kanban. Si ces pratiques sont importantes, elles ne suffisent pas à rendre une équipe ou une organisation agile. Bien au contraire, lorsque les principes fondamentaux de l’agilité ne sont pas respectés, ces pratiques peuvent devenir des coquilles vides. On assiste alors à des dérives courantes telles que :

  • Le Water-Scrum-Fall : Où les équipes adoptent Scrum en surface mais conservent un fonctionnement en cascade dans la réalité.
  • Le Scrum à périmètre fixe : Qui nie l’adaptabilité en imposant des exigences rigides.
  • Un Scrum piloté par un chef de projet : Qui réintroduit des hiérarchies contradictoires avec l’esprit collaboratif de l’agilité.

Ces situations révèlent une approche où l’agilité est traitée comme une simple “méthode” plutôt que comme une philosophie. C’est une erreur qui limite son potentiel et compromet ses résultats.Nombreuses sont les entreprises qui se lancent dans l’agilité à travers l’implémentation de frameworks tels que Scrum, SAFe, ou Kanban. Ces méthodologies offrent des outils clairs : réunions quotidiennes, tableaux de suivi, sprints, et autres cérémonies structurées. Mais parfois, ces pratiques restent superficielles et mécaniques.

Cas 1 : Une équipe performante sur le papier

Prenons l’exemple d’une équipe dans une grande entreprise de services informatiques. Cette équipe a adopté Scrum : les sprints sont planifiés avec rigueur, les user stories sont bien écrites, et le tableau Kanban est toujours à jour. Cependant, plusieurs signes montrent que l’agilité reste à un niveau purement opérationnel :

  • Manque d’autonomie : Les décisions stratégiques restent centralisées chez le management, et l’équipe ne se sent pas responsabilisée pour résoudre les problèmes de manière proactive.
  • Focus sur les outils plutôt que sur la valeur : Les sprints sont remplis de tâches, mais peu d’attention est portée à la création de valeur réelle pour le client.
  • Résistance au changement : L’équipe évite de remettre en question les pratiques ou les priorités établies, limitant l’amélioration continue.

Dans ce cas, les outils sont bien utilisés, mais l’esprit agile – basé sur la collaboration, l’apprentissage continu et l’adaptabilité – est absent.

Être Agile dans l’Esprit sans “Cadre” Officiel

Certaines entreprises incarnent pleinement l’état d’esprit agile sans s’appuyer sur un framework rigide. Elles privilégient l’autonomie, l’adaptabilité et l’amélioration continue dans leur fonctionnement quotidien. Des exemples comme SpaceX, Patagonia, ou Netflix illustrent cette approche, où l’agilité se manifeste par :

  • La culture du feedback : Les équipes itèrent rapidement, apprennent de leurs erreurs, et ajustent leurs actions en temps réel.
  • L’orientation client : Chaque décision est guidée par la recherche de valeur pour les utilisateurs.
  • La flexibilité organisationnelle : Ces entreprises s’adaptent aux évolutions du marché avec une réactivité remarquable.

Cependant, cette absence de cadre peut poser des défis, notamment dans des contextes complexes ou plus traditionnels, où des structures minimales sont nécessaires pour maintenir l’alignement et la coordination. Ces entreprises démontrent néanmoins que le mindset agile peut souvent dépasser l’importance des outils ou frameworks.

Frameworks vs Mindset : Un débat éternel ?

La sur-dépendance aux frameworks

Beaucoup d’entreprises commencent leur voyage agile en adoptant un framework, car il offre des repères clairs. Mais cela peut mener à un phénomène connu sous le nom de “cargo cult Agile” : des équipes reproduisent les pratiques visibles sans comprendre leurs intentions profondes.

  • Les cérémonies deviennent des formalités : Des stand-ups quotidiens où les participants répètent mécaniquement leurs tâches sans réelle discussion.
  • La rigidité des frameworks : Les équipes se sentent limitées par des règles, alors que l’agilité demande de la flexibilité.
  • Des métriques mal utilisées : Les KPI comme la vélocité deviennent des objectifs en soi, plutôt que des outils pour comprendre et améliorer.

Le danger de l’absence de cadre

À l’inverse, miser uniquement sur un mindset agile sans cadre peut provoquer du chaos, notamment dans les grandes organisations où la coordination est essentielle. Sans une structure minimale, les équipes risquent de manquer de direction ou de cohérence.

La Culture Agile : Le Cœur du Problème

L’un des aspects les plus souvent négligés dans les discussions sur l’agilité est la culture. Une culture agile ne se limite pas à des pratiques ou à un état d’esprit individuel, mais représente un environnement global où les principes agiles prospèrent.

Les caractéristiques d’une culture agile réussie

  1. Transparence : Les informations circulent librement, et chacun est conscient des objectifs, des défis et des opportunités.
  2. Apprentissage continu : Les erreurs sont vues comme des opportunités d’apprentissage, et le développement des compétences est valorisé.
  3. Collaboration : Les silos organisationnels sont brisés au profit d’un travail véritablement transversal.
  4. Orientation client : Les décisions sont prises avec le client final en tête.

Pourquoi la culture est-elle si difficile à changer ?

La transformation culturelle demande du temps, car elle touche aux valeurs, croyances, et comportements profondément enracinés. Elle exige également un leadership fort et engagé, capable de montrer l’exemple et de soutenir les équipes dans leurs efforts de changement.

Frameworks : Un moyen, pas une fin

Dans ce débat, il est essentiel de rappeler que les frameworks ne sont qu’un moyen d’atteindre un objectif. Ils offrent une structure pour démarrer, mais ne doivent pas être perçus comme une solution miracle.

  • Adaptation des frameworks : Les équipes doivent avoir la liberté d’ajuster ou de combiner des éléments de différents frameworks pour répondre à leurs besoins spécifiques.
  • Focus sur les principes : L’essentiel est de rester aligné avec les principes agiles, même si cela signifie sortir des cadres établis.

Comment Réconcilier Faire et Être ?

Pour les entreprises qui souhaitent éviter les écueils de “faire sans être” ou “être sans faire”, voici quelques pistes :

  1. Commencer par le pourquoi : Avant d’adopter des outils ou frameworks, clarifiez les objectifs de votre transformation agile.
  2. Former au mindset : Investissez dans des formations qui mettent l’accent sur les principes et valeurs agiles, en complément des aspects pratiques.
  3. Mesurer la culture : Évaluez régulièrement si vos pratiques reflètent une véritable culture agile.
  4. Équilibrer cadre et flexibilité : Utilisez les frameworks comme un point de départ, mais restez ouverts à leur adaptation.

Conclusion : Une Question Ouverte

Alors, peut-on “faire l’Agile” sans “être Agile” ? Oui, mais cela limite l’impact de l’agilité. Et peut-on “être Agile” sans utiliser de frameworks ? Oui, mais cela peut engendrer des défis organisationnels. En fin de compte, l’agilité ne se résume ni à des pratiques ni à un mindset : elle est l’intersection des deux, portée par une culture organisationnelle forte.

La véritable question pourrait être : comment chaque organisation peut-elle trouver son propre équilibre entre cadre et esprit, entre méthode et culture, pour incarner pleinement l’agilité ? Le débat reste ouvert, car chaque entreprise a sa propre réponse. Et c’est peut-être là toute la beauté de l’agilité.

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Alexandra Togan

Alexandra est le nouveau membre de The Agile Company, apportant de nouvelles perspectives et une passion pour la collaboration afin d'aider l'entreprise à prospérer dans ses efforts agiles.

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